Et si l’habitat idéal n’était pas un rêve individuel, mais une réalité collective ?

Publiée le lundi 15 septembre 2025

Longtemps associé à la densité urbaine et à la rationalisation de l’espace, l’habitat collectif connaît une profonde transformation. Porté par des aspirations écologiques, sociales et économiques, il revient comme une alternative au modèle individuel dominant, invitant à repenser la place du collectif dans nos modes de vie.

De nouvelles manières d’habiter voient le jour : résidence intergénérationnelle, habitat participatif, éco village.

Ces modes d’habitat alternatifs remettent au centre la dimension collective de l’habiter. Si les logements collectifs étaient hier des solutions à l’urgence de loger vite, leur existence aujourd’hui tente de revaloriser les valeurs du vivre-ensemble : la solidarité de voisinage, la mutualisation, la mixité sociale et générationnelle et les préoccupations environnementales.

Que disent ces nouvelles formes d’habiter sur notre société ?

L’habitat intergénérationnel regroupe, dans des logements autonomes avec espaces collectifs (salle commune, jardin, buanderie) et privés, des personnes d’âges et de situations variés, comme étudiants, seniors ou familles monoparentales à faibles ressources.

Il vise à instaurer convivialité, solidarité de voisinage et échanges, où chacun profite de la dimension intergénérationnelle et contribue à la colocation.

Ces projets, portés par des structures publiques (bailleurs sociaux, communes) en partenariat avec des associations ou investisseurs privés, sont ouverts à tous.

L’habitat intergénérationnel a pour vocation d’améliorer la qualité de vie des résidents :

• en développant la solidarité entre voisins, à travers le mélange des générations ;
• en luttant contre l’isolement des personnes vivant seules (étudiants, personnes âgées…).

Les logements intergénérationnels offrent un cadre physique et humain propice aux interrelations entre les habitants : des espaces collectifs vivants et accueillants, des règles de vie collectives, incitatives sans être contraignantes, ce bon fonctionnement est impulsé par la présence d’un animateur, souvent bénévole, qui a une mission de coordination : faciliter les initiatives, garantir le respect des règles et l’harmonie de la vie quotidienne.

À l’heure de la crise du lien social, ces structures ne peinent pas à trouver des candidats. Les personnes âgées apprécient la sécurité psychologique, la convivialité et la redécouverte d’un sentiment d’utilité sociale (garder les enfants, aider aux devoirs, initier des activités). Les mères isolées peuvent s’appuyer sur des voisins pour les aspects logistiques et éducatifs. Les étudiants et jeunes adultes, souvent provinciaux ou étrangers, bénéficient d’un cadre presque familial qui facilite leur insertion sociale.

Grâce à leurs petits loyers, ces logements suscitent un intérêt indéniable et permettent à chaque génération de profiter de leur fonctionnement « idéal ».

L’habitat participatif gagne du terrain. Derrière ce terme, l’idée de concevoir et gérer ensemble son lieu de vie, en partageant des espaces, mutualisant des ressources et repensant la manière d’habiter.

Aujourd’hui, près de 1100 projets existent en France. Ces expériences interrogent notre rapport au logement : intimité et lien social, besoins individuels et projet commun.

La loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové (ALUR) de 2014 a permis la reconnaissance de ces démarches lancées par des groupes d’habitants désirant concevoir et gérer collectivement leur habitat.

Ses initiateurs expriment leur volonté de participer à un habitat plus durable, écologique, financièrement accessible, mais aussi bénéfique sur le plan humain. L’habitat participatif est ordinairement un lieu ou toute hiérarchie est prescrite, le fonctionnement en structure coopérative induit que la vie et l’espace s’organisent autour de réflexions, de décisions et d’actions communes, respectant les attentes et les motivations de chacun.

Aujourd’hui, 1 projet sur 4 est soutenu par une collectivité, appuyant son impact local positif :

• Redynamiser le tissu local en accueillant des initiatives locales
•  Créer des espaces de coworking
• Recevoir des associations pour le maintien d’agricultures paysannes (AMAP)
• Redynamiser des centres-bourgs
• Contrer le pavillonnaire…

Ces initiatives sont porteuses d’espoir pour imaginer une cohésion humaine demain, moteur d’un futur plus responsable, collectif et conscient.

Au-delà d’une solution alternative au marché classique de l’immobilier, l’habitat participatif ouvre une réflexion plus vaste sur le vivre-ensemble.

Derrière les murs, il s’agit d’imaginer des formes d’habitat capables de répondre à des enjeux contemporains majeurs : l’isolement, la crise du logement, l’urgence écologique et le désir de créer des communautés plus solidaires. Autant de questions qui nourrissent aujourd’hui le débat autour de ce que pourrait être, ou devenir, un “habitat idéal”

C’est dans ce paysage en pleine évolution que s’inscrit la conférence de Valentin Heinrich, sociologue, intitulée “Habitat idéal ?”. Son approche interrogera la manière dont nos sociétés se projettent dans un futur commun, où la question de l’habitat devient indissociable de celles du lien social, de l’écologie et de la justice.

Collectivités, professionnels, chercheurs, habitants voulant initier un projet participatif, rendez-vous au CAUE Var, jeudi 25 septembre à 18h30 à la Faculté de Toulon. (conférence gratuite sur inscription)